2 minutes 33 secondes : la durée d’un lunch au micro-ondes. Ou celle d’un Soleil parfaitement éclipsé derrière la Lune. Au-dessus de nos têtes.
Rares, des moments si précieux aussi brefs. Le phénomène inusité s’est produit autour de 15h30 le 8 avril. Un spectacle où il ne fallait pas arriver une minute en retard.
Nous étions des milliers à converger vers la rive-sud de Québec. Une curiosité historique en soi : la file ininterrompue de voitures, des ponts de Québec jusqu’aux champs et collines boisées de la Beauce, avait de quoi surprendre…

Ces trois heures dans la circulation ont valu le coup? Évidemment.
Ce fut un moment trop court pour vraiment en profiter, mais assez long pour l’imprimer dans ma mémoire. Un soleil sans lumière. Un trou noir subjuguant par sa forme parfaite. Suivi de quelques secondes d’une lumière blanche, précise et aveuglante, modiquement comparable à l’éblouissement des phares à DEL d’un véhicule arrivant en sens inverse dans la noirceur d’une route de campagne…
Bref. Une vision unique.


Pendant que mon drone prenait une vidéo en accéléré du centre-ville de Saint-Georges, certains continuaient de vaquer à leurs occupations. Dans la nuit éphémère et rarissime de l’éclipse, un homme sort d’un commerce, monte dans son véhicule et quitte… Il pensait peut-être que la nuit était déjà arrivée? Mais en observant bien, on se rend compte qu’ils étaient plusieurs à ignorer le spectacle.
Ils ont (en partie) raison. Dans un passé récent, notre espèce vivait avec beaucoup d’anxiété un tel phénomène. Aujourd’hui, notre liberté nous permet de nous en désintéresser totalement… ou de nous en émerveiller.
Prochain rendez-vous : Saint-Georges, 17 juillet 2205. J’aurai 212 ans.
